[Avis] Tapestry – Matagot – Jeu de Société

Tapestry

Fiche jouabilitE

Recommandation : 85% – Tapestry perd de la recommandation à cause notamment de son équilibrage défaillant post-sortie (mais facilement corrigible) et surtout de son manque d’interaction, crucial pour un jeu de civilisation. Quelques légers points noircissent aussi la note comme le livret de règle ou le thermoformage. Mais il ne faut pas omettre les indéniables qualités de ce jeu de civilisation : une grande fluidité, un équilibre époustouflant entre adaptation, planification et prise de choix. Un vrai jeu expert, stratégique, complet, et très agréable visuellement par-dessus le marché, avec un matériel de qualité.

Hasard : 20% –  Du hasard oui. Dans votre choix de civilisation au départ puis surtout dans la pioche de fresques après. Mais c’est tout. Tapestry est un pur jeu de gestion complexe, qui ne laisse que peu de place au hasard.

Rejouabilité : 90%– De très très larges possibilités. J’ai du mal à imaginer comment une partie pourrait ressembler à une autre. Seize civilisations au départ, plein de pistes pour avancer et s’adapter. Du très bon job.

Interaction : 45% – Ce qu’on regrette le plus dans ce jeu. Alors que les civilisations réelles se sont toujours construites en interaction avec leurs voisines, Tapestry pèche dans son manque d’échanges, de guerres avec les adversaires. Dommage.

Complexité : 85% – Un jeu très complexe pour monter correctement sa stratégie, mais assez simple dans sa mécanique et ses règles. Bref, un jeu expert bien conçu.

Stratégie : 95% – Cinq pour cent enlevés pour la petite dose de hasard. Mais sinon un pur et excellent jeu de gestion, de planification, d’adaptation et donc de stratégie. Un grand cru.

Immersion : – 90% – L’immersion est réussie vis à vis du matériel, et du thème bien intégré au corps du jeu. On se plonge facilement dedans, et vous pourrez dire/penser/créer des choses comme «  La course à l’Espace c’est pour moi , ma civilisation basée sur l’empirisme et une population démilitarisée est la meilleure ! »

Qualité du matériel (jeu) : 90% – On regrettera un thermoformage insuffisant pour le prix du jeu, des monuments moyens + et trop de fouillis. Mais cela reste subjectif. Tout le reste est impeccable ! Et il faut le reconnaître, ça reste un plaisir à sortir.

   –  89.90 € chez Philibert

Fiche jeu

Type : Compétitif / Civilisation / Gestion de ressources
Nombre de joueurs : 1 à 5
Durée : Entre 1h  et 2h
A partir de : 14 ans
Extension(s) disponible(s) : Aucune
Support : Un plateau de jeu, plein de petits et gros bâtiments et des cartes en tout genre
Mécanique(s) de base : Faire des choix en dépensant des ressources pour améliorer sa civilisation
Thème(s) : Civilisation / Histoire

But du jeu / Aperçu des règles

Tapestry est un jeu de gestion de ressources qui doit amener chaque joueur à bâtir sa civilisation. Chaque joueur dispose d’un plateau de ressources, lui permettant de gérer ses ressources et l’avancée de ses choix de civilisation, d’une capitale lui permettant de poser ses bâtiments et monument, et enfin d’une civilisation, lui octroyant des effets uniques. Il dispose bien évidemment de pions et d’avant-postes à sa couleur. Au centre de la table se trouve le plateau de jeu avec la carte du monde, la piste des points de victoire, et les 4 pistes de développement : scientifique, militaire, exploration, technologique.

Chaque joueur va jouer à tour de rôle, et effectuer soit un tour de revenus, soit un tour d’avancée.

Un tour de revenu (obligatoire lors du premier tour de chaque joueur) est constitué la plupart du temps de :

– L’activation de son pouvoir de civilisation

– La pose d’une carte fresque, entraînant des gains ou changements à la pose, ou tout au long de l’ère, c’est à dire jusqu’au prochain tour de revenus

– L’amélioration gratuite d’une carte technologie, et le gain de points de victoire en fonction de l’avancement sa civilisation (par exemple le nombre de technologies développées, ou l’avancement de sa capitale)

– Le  gain de ressources pour l’ère.

Un tour d’avancée est effectué par le joueur en dépensant un certain nombre de ressources afin d’avancer sur la piste de son choix. Il gagne alors l’effet de la case sur laquelle il arrive (parfois aussi un monument, s’il est le premier à y parvenir), et peut s’il le souhaite payer une ressource afin d’utiliser un éventuel bonus indiqué sur la case.

Quand un joueur ne veut ou ne peut plus faire de tour d’avancée, et donc progresser sur les différentes pistes, il déclenche un nouveau tour de revenus. Chaque joueur termine sa partie à la fin de son cinquième tour de revenus. Si vous m’avez suivi, vous aurez compris que tous les joueurs ne vont pas nécessairement finir leur partie au même moment. Tous les joueurs ne vont ainsi pas effectuer le même type de tour au même moment dans la partie. Une fois que tous les joueurs ont effectué leur dernier tour de revenus, celui ayant le plus de points de victoire est déclaré vainqueur.

Avis 

Tapestry est un jeu à multiples facettes. Alors disons le directement : décevant par moments, mais recelant de vraies bonnes choses par ailleurs.

Tapestry fait partie des jeux experts. C’est un jeu complexe. On le voit directement à la mise en place, avec cette foultitude d’icônes de partout. Il fourmille de petites règles très intéressantes mais faciles à oublier. L’explication des règles peut être assez difficile. Pas parce que le jeu l’est lui-même, mais surtout parce que devant tant de possibilités, les nouveaux joueurs vont avoir du mal à savoir par où commencer, et quelle stratégie mise en place. Si l’iconographie peut faire peur au début, elle se révèle très intuitive par la suite. Après une partie, on a parfaitement saisi les icônes, et on peut vite se débrouiller seul. Et du coup : quels choix ! Il y a tant de possibilités ! Sur quelle piste accélérer ? Doit on plutôt s’adapter à son adversaire ? Dois-je déclencher maintenant ma phase de revenus pour capitaliser ?

Le jeu fait aussi preuve d’une grande fluidité. Les tours s’enchaînent rapidement (sauf les tours de revenus, cruciaux). Une fois la prise en main effectuée, on peut donc commencer à s’intéresser à ce que font les autres et planifier au mieux sa stratégie.

On applaudit donc : la fluidité du jeu, le nombre de possibilités stratégiques et la cohérence de l’ensemble. Les règles s’emboîtent bien, bref tout ce qu’on attend d’un jeu expert ! On soulignera pour finir la très bonne rejouabilité amenée par les plateaux de capitale, la variante Empire de l’ombre, et surtout les 16 Civilisations avec leur bonus différents, amenant forcément des parties asymétriques (côté déjà renforcé par la non linéarité des tours pour tous les joueurs).

Parlons un peu du côté graphique. Les illustrations sont superbes. Les Civilisations, les cartes, rien à redire. Nous apprécions beaucoup les petits bâtiments, ceux de revenus. Agréables à prendre en main, faciles à déplacer, lisibles. Le plateau (une fois passée le choix de tant d’icônes) est bien pensé et joliment illustré. On se retrouve donc avec quelque chose de visuellement joli.

Alors où se niche le négatif ? Eh bien dans le reste…

Les règles du jeu. Elles sont vendues pour être hyper simples, compactées en quatre pages. C’est vrai que c’est facile à la première lecture, mais beaucoup moins quand les joueurs commencent à poser des questions plus pointues, trouver les réponses est un parcours du combattant. Ce livret manque énormément de clarté pour un jeu expert. On trouve dans la boîte de jeux seulement deux fiches d’explications des icônes, et de toutes les cases de piste. Autrement dit : pour cinq nouveaux joueurs, vous allez passer votre temps à vous passer ces deux fiches. Pas du tout pratique (pour commencer hein, comme dit plus haut, après ça va aller mieux).

Le thermoformage. Okay pour les bâtiments/monuments. Pour le reste c’est : débrouillez-vous avec des sachets et/ou des élastiques. Dommage quand on vend un jeu à un prix aussi élevé.

Les monuments. Alors on aime ou on aime pas le prépeint. Nous, c’est pas trop le style de la maison. Mais surtout le socle des bâtiments est un peu mal foutu, si on ne suit pas scrupuleusement la plaque de placement, leur forme ne correspond pas tout pile aux cases de votre capitale. Pas top. En plus ces derniers font vraiment démesurés par rapport aux bâtiments de revenus.

La cohérence historique. Alors oui c’est très bien de pouvoir monter sa civilisation comme on veut, et pouvoir du coup « re-créer » l’histoire. Il y a incontestablement un côté très amusant. Mais certains joueurs ont regretté que ce ne soit pas un peu plus « ordonné ». Exemple : Commencer sa civilisation (après l’âge du feu donc) en devenant magnat du pétrole tout en créant des ampoules, pour finir son empire en pleine féodalité en découvrant le calendrier… Un module permettant de trier les cartes fresques et technologies par ère aurait pu être judicieux pour les joueurs recherchant plus de cohérence.

Un équilibrage laissant à désirer. Moins d’une semaine après sa sortie boutique, le jeu est déjà sujet à des corrections. C’est inconcevable pour un jeu récent, qui doit nécessairement être testé dans tous les sens avant sa sortie… Encore une fois surtout compte tenu de son prix…

Et enfin l’interaction. Dans le « vrai » monde, toutes les civilisations ont forcément eu un impact les unes sur les autres. Guerres/commerces/etc… Dans Tapestry hormis quelques conquêtes militaires, vous n’agirez que très peu contre ou avec vos adversaires. Juste la course à qui va aller le plus vite et le plus loin sur les pistes. C’est LE point noir du jeu, car c’est quasiment le seul avec l’équilibrage post-sortie qui impacte le gameplay.

Pour clore cet avis, le mieux est de vous faire votre propre avis. Après, vu le prix du jeu, renseignez-vous bien avant de vous y lancer. Si le gameplay expert et/ou le côté civilisation et/ou la stratégie sont vos mots d’ordre, foncez yeux fermés ! Par contre si l’interaction et l’équilibrage comptent beaucoup pour vous, réfléchissez bien (yeux fermés ou pas).

   –  89.90 € chez Philibert

Fiche technique

Année: 2019
Auteur(s): Jamey Stegmaeir
Illustrateurs : Ron Brown et Andrew Bosley
Editeur : Stonemaier Games

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